La mosaïque des interprofessions viticoles françaises : origines, missions et poids économique
Impossible d’aborder la question des règles, des décisions qui pèsent sur nos vignes, sans décortiquer le fonctionnement des interprofessions. Si leur existence semble aller de soi, leur rôle concret, leur structure et leurs équilibres internes sont bien moins connus des principaux concernés – c’est-à-dire nous, professionnels. Or, les interprofessions structurent pour une large part notre quotidien, de la fixation des cotisations jusqu’aux prises de position sur des sujets aussi brûlants que l’encépagement ou la gestion des volumes d’appellation.
Créées dans les années d’après-guerre, répondant à la nécessité d’organiser un secteur morcelé et vulnérable aux crises, les interprofessions viticoles sont aujourd’hui au nombre d’une quinzaine en France (source : FranceAgriMer). Elles s’articulent selon les grandes régions (CIVB à Bordeaux, CIVC en Champagne, Inter Rhône, InterLoire, etc.), mais aussi selon les segments : vins AOP, IGP, VSIG, crémants, spiritueux.
Leur poids économique est colossal : la seule filière viticole emploie 500 000 personnes, dont environ 85 000 exploitations (données Agreste, ministère de l'Agriculture 2023). Les interprofessions gèrent collectivement plusieurs centaines de millions d’euros de ressources par an, issues principalement des cotisations obligatoires (ou « CVO »), qui s’élèvent à quelque 90 à 100 millions d’euros annuels pour le vin (Insee, 2022).